Cosmique Bled Ou des corps mobiles dans l'espaceJournal de résidence

Soirée de vernissage

03/07/2004

Rencontre autour de démarches singulières aux correspondances variéesplutôt qu'exposition collective, la proposition Cosmique Bled, Ou des corps mobiles dans l'espace réunit les travaux de huit artistes qui ont résidé aux Arques, au cours de l'année 2004, ainsi que trois oeuvres d'anciens résidents : Marie Denis, Sophie Riestelhueber et Driss Sans Arcidet.
Partant de l'idée transmise par Ossip Zadkine d'un art qui a toujours l'air étranger à sa propre culture, elle associe une poétique de la représentatoin d'un territoire à la question des mobilités en général : passages, mémoires, déplacements, transferts, échanges, processus...

Issus d'horizons culturels multiples et de générations différentes, les artistes en résidence aux Arques, ont trouvé là, unes situation emblématique du milieu rural d'aujourd'hui, et notamment un village, microcosme des paysages français contemporains où co-existent de très riches vestiges patrimoniaux et un environnement des plus fonctionnels. La spécificité tenant ici à l'empreinte originale laissée par le sculpteur, à la présence in situ de ses sculptures et à son grand récit artistique fondateur qui trouve un vivant prolongement à travers Les Ateliers des Arques.

Pour les artistes, les enjeux de la résidence se situent dans le questionnement d'un tel contexte, à la fois en rapport avec leurs pratiqes respectives - souvent inter-disciplinaires - et à partir de l'expérience du déplacement et de la mobilité, caractéristique partagée de l'art contemporain. Qu'il s'agisse d'enquêter autour de la mémoire du village (Carmela Uranga) et des "différents territoires de Zadkine dans le Quercy" (Anne Deguelle); de suggérer de nouveaux points de vue sur l'architecture (Susanna Fristcher) ou le paysage (Akio Suzuki, Nathalie Roussel); de reconsidérer les usages quotidiens (Valérie Mréjen) par le report emblématique d'objet trouvés (Karim Gheloussi) ou en développant des connexions inédites (Jan Kopp), ils ont, pour la plupart d'entre eux, cherché à tisser des réseaux de relations humaines et d'échanges à tous les niveaux et avec le plus grand nombre de personnes.

Ainsi s'est constituée une pratique ouverte de laboratoire, d'"atelier sans mur", par exemple avec le club d'astronomie de Gigouzac dans le Lot ou le restaurant La Récréation, permettant à un village entier non seulement de se représenter collectivement mais aussi de vivre pendant six mois au rythme du processus de fabrication des oeuvres d'art. Un accompagnement qui ne lève pas le mystère de la création mais le rend plus proche comme le ciel pour qui guette, dans l'obscurité de la nuit, la rvolution des étoiles, ces "corps mobiles dans l'espace".

Noëlle Chabert, mai 2004

Programme du vernissage :
18h00 : Parcours-promenade en compagnie des artistes
19h30 : Performance sonore d'Akio Suzuki
20h00 : Collation des quatre continents
22:00 : Fontaine lumineuse de Pierre Filippi
22h30 : Intervention de Maïtreyi
23h00 : Observation du ciel quercynois proposée par le club d'astronomie de Gigouzac sur invitation de Anne Deguelle

Inauguration de la résidence

Cosmique Bled Ou des corps mobiles dans l'espace

Du 5 Jan. au 12 Sept. 2004

Noëlle Chabert, directrice du Musée Zadkine de Paris

Présentation

Moins exposition collective que rencontre autour de démarches singulières, la proposition Cosmique Bled Ou des corps mobiles dans l'espace articule une poétique de représentation d'un territoire et d'expression du paysage à la question des mobilités en général : passages, transmissions, déplacements, résidences, transferts, échanges, processus ...



Aujourd'hui comme naguère, mais avec un sentiment d'urgence lié à la pression de l'actualité, ce sujet nous concerne tous, où que nous nous trouvions sur notre petite planète et jusqu'en ce village reculé du Quercy, Les Arques, dont on pourrait avoir l'illusion qu'il vit à l'écart du temps du fait de l'éloignement et de la protection que constitue la richesse de son patrimoine.

Polysémique, le titre est aussi pour partie un clin d'oeil à l'adresse de mon amie Anne Deguelle, première des huit et un complice des quatre continents à avoir accepté de s'embarquer dans l'aventure. Et un hommage rendu à la part la plus stellaire de son oeuvre, celle qui dès lespremiers jours de sa résidence la poussait, malgré le calendrier lunaire, à engager une collaboration avec le club d'astronomie de Gigouzac...

Mémoire
La figure d'Ossip Zadkine (1890-1967), dont le souvenir se confond désormais avec l'histoire culturelle des Arques, m'apparaît ici comme un détour obligé pour penser la création artistique ainsi que son rapport au patrimoine. elle m'incite à re-questionner l'apport du sculpteur et différents façons de garder sa mémoire vivante, agissante.
Il n'y a pas de réponse univoque fort heureusement mais, pour ma part, il s'agit moins de m'attacher à l'inventaire formel et à l'analyse des oeuvres réalisées ici même,et pour la plupart exposées au musée, que de réfléchir à la situation tout à fait originale dont Zadkine fut l'initiateur. Sans aller aussi loin qu'Anne Deguelle dans le relevé détaillé, photographique et topographique, des "différents territoires de Zadkine dans le Lot", oeuvre qui témoigne autant de l'attrait que la région exercait sur lui que de son attitude face à la nature et au legs des siècles passés, regardons déjà aux Arques même ce qui relève directement ou indirectement de son héritage. Le patrimoine ecclésiastique de l'ancien doyenné a ainsi largement bénéficié de l'attention vigilante de l'artiste avec d'abord le classement à l'Inventaire des Monuments historiques de l'Eglise Saint-Laurent du XIème siècle, mesure qui en a permit la restauration; puis l'installation in situ de deux oeuvres magnifiquse, l'immense Christ en bois et la Pieta polychrome, sculptés de ses mains et qui, transcendant leur époque, amplifient l'atmosphère spirituelle des lieux; et enfin la découverte, à son initiative, des fresques du XVème siècle de la chapelle Saint-André. On peut aussi mettre à l'actif du sculpteur la préservation de l'ancienne demeure du XVIIème siècle qu'il partageait avec sa femme peintre, Valentine Prax et, comme un surgeon plus tardif, la création en 1988 des résidences conçues autour de l'accueil annuel d'artistes contemporains. Seize ans plus tard, les Ateliers des Arques ont pour particularité d'avoir reçu parmi les résidents, artistes débutants ou plus confirmés, nombre de personnalités marquantes pour l'art de ces vingt dernières années et d'avoir établi la notoriété de la commune dans le monde international de l'art.

Transmission
Rappeler aux participants de la session 2004 le témoignage de l'artiste, à son arrivée aux Arques en 1934, permet de s'inscrire dans la continuité du passage et de l'installation de Zadkine sur ce territoire, et simultanément de se placer sous le signe, indiqué dans son livre de souvenirs, Le maillet et le ciseau, d'un art doublement étranger :
"Mais il me fallait relever la tête, me rappeler que j'étais en ce pays un étranger, un sculpteur, mot que personne ne connaissait dans le village."
Non seulement l'artiste est celui qui vient d'ailleurs, le "poète migrateur" de Maurice Blanchot, mais mieux l'art, depuis la révolution de la modernité, à toujours l'air d'appartenir à une culture autre que la sienne. Ainsi, par-delà les différences de générations, les propos du russe Zadkine continuent-ils à trouver une actualité immédiate chez les artistes contemporains, volontiers nomades, passures de frontières et de disciplines.
Par ailleurs, pour être restée quelques temps au village dans la proximité de ses habitants et avoir échangé avec les uns et les autres, il semblerait que le souvenir de la geste zadkinienne aille ici de pair avec un réel désir d'art et une grande disponibilité à toutes les formes de création. Comme si dans le sillon creusé par cet "étranger, un sculpteur" avait germé la graine de l'art, laquelle ne demanderait plus, chaque année, qu'à reprendre vie. Ce constat et l'horizon qu'il dégage,réel ou imaginaire, me renvoie aux réflexions si intéressantes de Michel de Certeau, l'auteur de L'invention du quotidien, Tome 1, Arts de faire. Après avoir rappelé que "tout récit est un récit de voyage, une pratique de l'espace" et opposé le "lieu" comme "configuration instantanée de positions", à "l'espace" comme "croisement de mobiles", il note que "Là où les récits disparaissent (ou bien se dégradent en objets muséographiques), il y a perte d'espace".
Aux Arques, le récit artistique fondateur est encore présent dans la plupart des mémoires mais pour éviter qu'il se fige, se monumentalise ou sombre dans le commémoratif, il est essentiel que d'autres artistes prennent le relais, conçoient de nouveaux objets de pensée. Si "le futur du lieu" est bien "ce qui tient le lieu" (Jean-Christophe Bailly), tant les travaux vidéo de Jan Kopp, réalisés à partir d'enregistrements savamment travaillés au montage, que les oeuvres polymorphes de Valérie Mréjen, taillant à vif dans les souvenirs pour en extraire la quintessence, en donner la formule ADN en quelque sorte, bousculent ici ou là nos identités culturelles et maintiennet le présent sous tension dans une vitale incertitude.

Déplacements
Qu'est-ce que l'art ? Déjà formulé dans le préambule zadkinien, la question ne cesse de rebondir à l'image de l'art qui procède toujours par déplacement physique et mental.
Parallèlement la mobilité, "la mobilisation infinie" (Peter Sloterdijk), est devenue une caractéristique majeure des sociétés contemporaines, du fait de la modernité et de la circulation incessante des personnes, des ressources et de l'information. Sous ses effets, et quoi qu'on en pense, notre perception de l'espace et du temps se trouve modifiée ainsi que nos vies, nos valeurs, nos usages. Les artistes qui, avec les migrants, sont les premiers à participer à ce monde élargi en sont aussi les figures inventives.
A plusieurs titres, mais entre autres du fait de cette force potentielle qu'est la "proximité - monde" et parce qu'ensemble ils créent les conditions d'un véritable melting-pot culturel, les artistes en résidence aux Arques sont porteurs de ces pluralités qui sont la condition d'"un monde commun", au sens où l'entendait Hannah Arendt. De façon plus fondamentale, l'artiste est aussi celui qui excelle à jongler avec les signes du réel et sait opérer toutes sortes de retournements, qu'il s'agisse de représenter le monde ou de le cueillir dans ses diverses occurrences.
Enfin, autre donnée de la création contemporaine, la transdisciplinarité des recherches artistiques, cette joyeuse "indiscipline" qui tout à la fois rend les artistes experts en mélange des genres et des formats et tend à produire des oeuvres hybrides ou aussi insolites que les dispositifs picturaux de Susanna Fristcher, le mobilier végétal de Nathalie Roussel, les assemblages emblématiques de Karim Gheloussi, ou les installations improbables de Carmel Uranga. Quant à Jan Kopp, il multiplie les connexions et le recours à des techniques différentes afin de favoriser l'émergence de nouveaux points de vue sur l'homme et son environnement, le monde multiple et changeant.

Ateliers
L'atelier de l'artiste n'est plus de nos jours celui décrit il y a peu encore par Francis Ponge, un lieu clos, réservé à quelques initiés et où l'artiste, "en surplomb ou à côté du reste de la société" (Stéphane Carrayrou), élaborait seul et presque en secret son grand oeuvre. De l'atelier hors les murs à "l'atelier sans mur" (Jean-Marc Poinsot), c'est toute la question des rapports entre le réel et l'art que ces termes font surgir. Une question jamais éteinte qui renvoie à le "révolution du paysage", celle qui va des peintres de Fontainebleau en passant par le jardin-laboratoire de monet à Giverny et jusqu'au Land art. Depuis l'hitoire se poursuit et connaît aux Arques de nouvelles expressions, notamment à travers l'écoute des pierres, qui est aussi expérience d'un paysage sonore, à laquelle nous convie le japonais Akio Suzuki. Parallèlement, et surtout depuis le début des années soixante, l'art contemporain participe à ce même mouvement qui consiste à rapprocher toujours davantage l'art et la vie, en investissant le tissus ds la réalité, en "illimitant son propre champ", comme l'écrit encore Paul Ardenne, au monde social, économique et politique. Pour la plupart, les résidents aux Arques s'inscrivent dans ce contexte. Ils appartiennent à une génération d'artistes attentive à l'autre et qui cherche, au-delà de la présentation d'un travail, à tisser des réseaux de relation humaine et à faire partager l'art aux différents niveaux de la société. Carmela Uranga ou Jan Kopp au restaurant La Récréation, mais également Anne Deguelle et Majide Khattari, lors de ses deux trop brefs séjours, ainsi que Pierre Filippi ont ouvert et lancé des chantiers associant diverses personnes à un travail d'atelier, de "work in progress" qui permet à tout un village d'approcher le mystérieux processus de fabrication de l'oeuvre d'art, de l'accompagner.

Noëlle Chabert, avril 2004

Évènements


Les artistes

Valérie Mrejen

Née en 1969, Valérie Mréjen utilise la vidéo, le film, l'écriture.
A travers ces différents moyens d'expression, elle a fait défiler une galerie de portraits de gens ordinaires qui racontent des bribes de vie. Que reste t-il du passé ? Auteur de courts récits autobiographiques, Mréjen adopte dans ses vidéos une manière similaire, un ton neutre et détaché. Des comédiens jouent à raconter une expérience ou une anecdote et comme au téléobjectif, Mréjen s'engouffre dans un détail aui, grossi, devient étrange et sur-signifiant. La diction blanche tire le propos vers l'absurde. Récemment, l'artiste a orienté son travail vers le documentaire. A tel-Aviv, elle a interviewé des personnes issues de familles juives ultra orthodoxes, ayant décidé de quitter leur milieu pour devenir laïques. Il s'agit ici de filmer leur témoignage sur ce choix décisif.
Aux Arques, l'artiste a pris pour point de départ de son installation la collecte d'étiquettes d'emballage de produits aimentaires dont le fonctionnement se rapproche de celui d'une famille. Elle restitue un arbre généalogique. A travers cette accumulation de références domestiques et de noms communs, elle identifie sa propre collection, une forme d'histoire personnelle.

Nathalie Roussel

Née en 1979, Nathalie Roussel vit et travaille à Rouen.

La anture rattachée à la biologie du corps humain et à sa respiration est au coeur de sa recherche; avec l'eau pour élément nourricier. C'est le mouvement cyclique de la respiration qui rythme les oeuvres de Nathalie Roussel. L'impalpable mécanique de la vie et sa fragilité sont ainsi mises en lumière, n'excluant pas le silence et l'immobilité.

*"Confiden'ciel, siège en gazon installé à mi chemin entre la place du village et la colline, entre un paysage humain et un paysage végétal, invite à l'enchâssement dans une nature probable.
C'est un objet d'animalité contrôlée, une posture à points de vue multiples, un endroit privé pour le public. "Géométrie instinctive" ou "Et à l'intérieur, l'animal" ou "Le souffle de l'autre", sorte d'animal d'intérieur est un tunnel de 6 mètres de long, qui lui aussi est fait de gazon, il relie la rue à la cour intérieure des résidences reprenant le schéma des passages troits sous les maisons. Bien que ses dimensions permettent le passage d'un corps, seul le regard le traverse. De même que si deux personnes se tiennent de part et d'autre du tunnel, seuls leurs souffles s'échangent et se mélangent dans le courant d'air frais."
Nathalie Roussel

Akio Suzuki

Akio Suzuki est né en 1947 à Pyongyang, en Corée. Vit et travaille au Japon, à Tango, préfecture de Kyoto.

epuis les années 1960, il s'intéresse aux sons et développe leur écoute, en les créant au cours d'une performance ou en s'emparant de l'environnement sonore pour le valoriser. La notion d'écho prend rapidement une place prépondérante dans son travail et le conduit à inventer un instrument baptisé "Analapos" qui ressemble à deux miroirs se faisant face et se réfléchissant à l'infini. Akio Suzuki cultive l'idée de redonner au son sa liberté par rapport à l'espace qui tend à l'emprisonner. "Il y a un célèbre haïku de Bashô avec une grenouille. Il explique que le son n'est pas quelque chose à faire écouter mais qui donne une image à quelqu'un. Le son fait sentir l'espace et lui-même en même temps." Akio Suzuki

Au coeur d'un paysage minéral exceptionnel, - devant la demeure où résida Ossip Zadkine et autour de l'arbre, symbole d'une oeuvre avec laquelle il se sent en sympathie, Akio Suzuki à mis en place cinq cercles de pierre, rendus sonores par des stylets. L'intensité des échos fait partie de l'oeuvre et l'amplifie. Par-delà la résonance de la matières, des choses et leur environnement, des êtres et du monde, des sons et de la lumière, les ieux sont amenés à raconter leur histoire.

Jan Kopp

Né en Allemagne en 1970. Jan Kopp réside en France depuis 1990.

L'espce public, terrains vagues porteurs de l'idée précaire et chargés d'hybridations potentielles mais aussi l'espace d'art, les différentes formes d'expressions artistiques et les langues sont au centre de ses recherchers. "Les langues sont un prétexte, du moins une possibilité la plus efficace que j'ai trouvée jusque là, pour parler de quelque chose qui dépasse le langage et qui concerne plus généralement notre environnement culturel et la façon dont il est transformé, distordu par les idéologies, des économies, des situations politiques diverses - tout un ensemble de méta-structures qui agissent sur cet environnement. J. Kopp

Ayant recours à des meiums variés, installations, films vidéos et performances, l'artiste multiplie les connexions afin de favoriser l'émergence de nouveaux points de vue sur l'homme et son environnement, le monde multiple et changeant.

En prise directe avec les gens et les situations rencontrées aux Arques, Jan Kopp a prélevé images et sons qui, une fois montés, après transferts et manipulations, risquent d'ébranler nos certitudes quant à notre propre identité culturelle et aussi celle du village. La vidéo "Quelques mouvements cycliques" fait écho au paysage du Lot, au rythme des saisons, au mouvement des arbres, aux déplacements des moutons...

Carmela Uranga

Née en 1968 aux USA, de père argentin et de mère écossaise, elle porte la nationalité américaine.

Ayant surtout vécu en Europe, Carmela Uranga s'est souvent senti "non-européenne", ce qui a orienté son parcours vers la question du lien social, de l'appartenance ou non à une culture.
Elle poursuit une réflexion sur "l'état de suspension résultant du déracinement". S'attachant au déplacement des êtres et des choses, l'artiste parle d'un ordre qui sera irrésistiblement suivi par un désordre et se glisse dans l'entre-deux. Les supports que Carmela Uranga utilise sont variés : le film Super 8, la photographie, la fiction, des oeuvres sonores, la mise ens scène souvent éphémère. Durant les séjours qui préparent ses interventions, elle senourrit de dialogues, contes, histoires, tous liés au contexte qu'elle a choisi. Elle les confronte et les associe à sa propre culture et à ses rites personnels.

Karim Gheloussi

Né en 1977, vit et travaille à Paris et à Nice.

Karim Gheloussi aime à mêler les catégories, sculptures, arrangements précaires, choses manufacturées, céramiques modifiées, mais aussi le collage et le dessin. Il collectionne. A un tel brouillage de piste s'ajoute le lyrisme des objets de série déclassés au rang de rebut. Détournés et décalés, tous ces événements sont réaccordés avec humour. Ainsi le familier revisité peut-il flirter avec le kitsch sans jamais s'y confondre. Chacun des assemblages cultive une double appartenance, entre socle muséal et mobilier domestique, à la frontière entre présent et passé, un statut de sculpture tout récemment acquis et un passé d'objet de série.

Aux Arques, Gheloussi a collecté une sorte de catalogue de matériaux de base, objets, images, bouts de textes, trouvés sur place, dans le village et la zone industrielle de Cahors et les présente de manière très simple sur une étagère dans le village. Poursuivant l'idée de passer ces constructions "au filtre formel", il les a par la suite projetesé sous forme d'images, des dessins noirs sur fond blanc. "Ces images sortes d'emblèmes deviendraient finalement de grands drapeaux dans un terrain qui reste à définir mais plutôt à l'extérieur du village. Avec l'idée d'un aller-retour entre les objest et les drapeaux". Karim Gheloussi

Susanna Fristcher

Née en 1960 à Vienne. Vit et travaille à Montreuil.

A partir de 1990, Susanna Fristcher choisit la peinture comme mode d'expression, en privilégiant une couleur exclusive, le blanc et ses multiples déclinaisons. Elle procède par projection au pistolet, en couches fines sur des panneaux de verre acrylique ou plus récemment sur des films transparents d'un dixième de millimètre d'épaisseur. La lumière est l'actrice principale de la partition. Entre transparent et translucide, entre opacité et légéreté, l'espace magnifié est métamorphosé. L'expérience d'une oeuvre de Susanna Fristcher modifie le regard, l'affine, le poétise. Agissant directement sur notre perception, elle rompt la distance protectrice de la vision. Les peintures "flottantes" de Susanna Fristcher ne se regardent pas seulement, elles s'expérimentent in corpore.

"La peinture, film horizontal et très mince ( 40 sur 1650 sur 0.01cm) est tendue à hauteur de vue entre l'un des contreforts extérieurs de l'église Saint-Laurent et le presbytère en face. Transparente à ses extrémités, elle s'intensifie vers son centre, devient opaque, grise. Croisat notre chemin et regard, elle se transforme selon nos déplacements, donne à voir et dissimule en même temps ce qui l'entoure dans un contact étroit. Flottante, nous la découvrons légère, et la perdons de vue, elle est là ou "presque" ou parce que nous la regardons". Susanna Fristcher

Anne Deguelle

Née en 1943 à Paris, vit et travaille à Paris et dans l'Aveyron

Anne Deguelle axe son travail sur la mémoire sociale qu'elle relie à la mémoire de la création. Elle interroge également la réalité contemporaine complexe, ambiguë, duelle. A une enquête de terrain par immersion dans les archives de lieux historiques, souvent liés à la fin du XIXème ou au début du XXème siècle littéraire ou artistique, industriel ou commercial, l'artiste associe ses propres prises de vues, photos, images vidéos. Une fiction est ainsi proposée.

"Je reviens à Zadkine, le Russe de Vitebsk, séduit par le Quercy dès 1918, il veut y revenir, y séjournée, y travailler. Cette obstination le conduit de Bruniquel à Caylus et enfin aux Arques dans cette maison aujourdh'ui appelé "le manoir de Zadkine". Penser à un document touristique "Ossip Zadkine's Quercy", invitation à parcourir ce territoire-là, lieux de vie, de travail, mais aussi de flânerie rêveuse, retrouver des lieux précis d'après les témoignages et le journal de O.Z : la gare de Bruniquel, le chemin vers le village, la Bonnette, la forêt de Grésigne, les fresques de la Chapelle Saint-André, le petit bois des Arques... Et le ciel nocturne, le triangle noir du Quercy exceptionnel d'assombrissement, autre territoire, champ immémorial, "regardez ce ciel bourré d'étoiles", recommandait O.Z.
Prévoir le 3 juillet une observation avec téléscopes, voir le club d'astronomie de Gigouzac
Corps mobiles dans l'espace
Chercher dans le village une petite maison ou les vestiges d'un lieu intime pour y déposer l'installation ces infimes particules.
Mais une phrase me revient en tête et ne me lâche plus "le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat à écrire en lettre lumineuses lucioles.
Ne pas oublier la chambre jaune et sa fenêtre. Inviter Maïtreyi pour une intervention la soirée du 3 juillet à la tombée de la nuit : mobilité d'un geste trait d'union entre les deux jardins, trait d'union entre le diurne et le nocture"
Anne Deguelle


Catalogue

Directrice de publication : Noëlle Chabert
Conception graphique : Julien Boitias
Photographes :
Éditeur : Les Ateliers des Arques, résidence d'artistes
Imprimeur : Blanchard printing, Le Plessis-Robinson
Format : 21,8 x 15
Prix : 42 euros


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