Un congrès de luciolesJournal de résidence

Work in progress

Vernissage expo

Exposition d'Anita Molinero

A l'invitation du Conseil Général, Anita Molinero investira le Musée Zadkine pour une exposition intitulée "L'Ormeau blessé" du 1er juillet au 1er octobre.

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Anita Molinero
Née en 1953 à Floirac.

Anita Molinero, emploie, elle, le rejeté comme tel, comme un matériau et sa sculpture y trouve un vrai péril, celui du risque de ne même pas pouvoir accéder au statut d'objet d'art, celui de ne pas pouvoir s'arracher au rejet qui marque ces matériaux. Molinero n'utilise même pas les caractéristiques repoussantes du matériau pour que la charge symbolique, l'affect, transfigurent l'objet en nous signifiant d'un coup qu'il veut, heureusement, dire autre chose, qu'il n'est pas de la graisse ou du suif dégoulinant de symbolique. Non, il s'agit irrémédiablement de plastique, de mousse, de cotainers usés, de sacs poubelles. La sculpture de Molineroest une sculpture en état de déréliction, une sculpture en état de faiblesse, c'est une sculpture qui pourrait être faite par des personnages de Beckett ressassant leur déréliction, leur solitude et leur humanité - quand même, une humanité qui se donne ne ce qu'ils parlent, en ce qu'ils articulent un minimum de formes du langage et de leur conscience à la déréliction.

Yves Michaud, 1998, publié dans "les marges de la vision, textes critiques 1978 - 1995" ed. Jacqueline Chambon, Nîmes

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Extrait d'une Lettre aux lucioles

Adressée aux artistes résidents

Les Arques est un village qui ne voulait pas mourir. Ses atouts étaient patrimoniaux (Zadkine, les églises romanes, la qualité architecturale vernaculaire, le site). Il a préservé, restauré, valorisé ces données avec soin, ouvrant la voie à un tourisme culturel classique de qualité.
A ce soin, le village a ajouté le souci du contemporain en développant les résidences d'artistes et en se dotant d'un outil remarquable pour cela.
Au tourisme patrimonial se sont donc ajoutés une expérience humaine partagée et un tourisme artistique d'aujourd'hui.
Les Arques ont donc un projet intellectuel et économique. Ce village a pris son destin incertain en mains.

Je me demande si le (bref) séjour aux Arques de votre addition d'artistes (c'est à dire d'opérateurs d'imaginaire utopique) ne pourrait pas être l'occasion d'esquisser les perspectives d'un futur improbable de ce village (et subsidiairement de votre travail).
Vos interventions in situ pourraient ainsi se penser comme les prémisses d'un déplacement, d'une projection du site dans un avenir auquel il ne s'attend pas.
Vous seriez comme des "envahisseurs" venus placer les jalons d'une nouvelle évolution, les émissaires d'une étrange métamorphose fictionnelle.
Des signes, des objets, des situations de toute nature seraient dusséminés partout dans le village comme autant d'indices de ce basculement possible.
A l'heure où la grippe aviaire va conduire à confiner de plus en plus de villages, des situations autarciques vont se multiplier. J'imagine Les Arques comme le théâtre d'une anticipation des effets de ces isolements. Accélération entropique, dérive dans l'inquiétante étrangeté ou préfiguration d'une Arcadie hypermoderne ?

Je rêve de voir l'iceberg des Arques se détacher de la banquise du Lot pour naviguer vers de nouveaux horizons. Après "l'enchanté château" d'Annecy l'été dernier, j'imagine le "village mutant" d'une planète affolée...
C'est une idée comme une autre. J'aimerais juste que nous ne sortions pas indemnes de cette aventure. Qu'en pensez-vous ?

---- Christian Bernard, le 6 mars 2006.

Un congrès de lucioles

16e résidence d'artistes

Du 2 Jan. au 9 Sept. 2006

Christian Bernard, directeur du MAMCO de Genève

Présentation

Communiqué :
Cet été, le Mamco se déplace aux Arques, près de Cahors, pour y organiser deux expositions. Depuis dix-huit ans, le village des Arques accueille chaque année des artistes en résidence. Invité à conduire la programmation artistique des ateliers 2066, Christian Bernard a convié 6 artistes à participer au projet : Alain Bublex, Pierre-Philippe Freymond, Vincent Lamouroux, Laurent Mareschal, Denis Savary et Alexia Turlin.
Un congrès de lucioles rend compte du travail qu'ils ont accompli durant leur séjour. En parallèle, l'artiste Anita Molinero propose une intervention dans le Musée Zadkine, situé également aux Arques.



Un congrès de lucioles met en place un scénario fictif dans lequel les artistes ont été conviés à intervenir. Cette fiction décrit une nouvelle vie pour le tout petit village du sud-ouest de la France, une mutation possible vers un futur auquel il ne s'attend pas. Entreprises collectives, les interventions in situ des artistes envahissent l'espace public, elles se glissent dans les infrastructures existantes, comme autant d'indices d'une "étrange métamorphose fictionnelle" du village.

Évènements


Les artistes

Alain Bublex

Né à Lyon en 1961.

Alain Bublex commence sa carrière d'artiste en 1992, année où il abandonne son métier de designer pour se consacrer exclusivement à ses projets artistiques. Un tavail de réflexion et de questionnements sur l'architecture, l'urbanisme, le design. Des projets qui s'appellent, se répondent et surtout interrogent.

Par rapport à votre métier de designer, qu'est-ce qui vous attirait en devenant artiste ?
Une sorte de liberté de mouvement et aussi un rapport plus direct et immédiat avec le public. En tant que designer, mes projets passaient à travers de multiples filtres avant de sortir du milieu confiné de l'entreprise. La force de proposition d'un designer s'exprime en premier lieu pour son chef de service ! Elle est ensuite répercutée de bureaux d'études en services d'analyse du marché et perd, progressivement, de son impact, à force de rebonds. La plupart des objets que nous connaissons et que nous utilisons sont le fruit de cette érosion. J'ai le sentiment d'échapper un peu à cela désormais et je tienssurtout ma liberté de mouvement. Le monde industriel est, aujourd'hui, extrêmement spécialisé, semblable à une autoroute, rapide, efficace, mais avec un choix de possibilités assez faible. Il ne laisse pas la place à des positions indéterminées. Par contraste, le monde de l'art me paraît plus ouvert. On peut y suivre des trajectoires très différentes, même si cela n'est pas toujours confortable.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet Glooscap ? Quelle est l'origine de son nom ?
Glooscap** est la description d'une ville imaginaire qui a pour caractéristique de n'être pas utopique (...), elle ne met à jour aucune solution. Elle est simplement une copie de toutes les villes existantes avec leurs qualités et leurs défauts cumulés. Son nom est celui d'un dieur qui, selon la légende indienne, - puisqu'elle se trouve en Amérique du Nord - aurait formé le paysage sur lequel la ville s'étend. La première exposition proposait des archives de cette ville à travers une série de documents qui tendaient à réifier son histoire, une histoire qui s'inspire du pays et du site réel sur lequel elle se trouve. Elle montrait comment, à partir del'arrivée des Français au Canada, avait pu se créer à cet endroit un comptoir colonial, puis des quartiers qui allaient former une petite ville industrielle avant de devenir une des grandes métropoles du XXème siècle.

Interview de Caroline Lebrun, Paris art.com, 01 mars 2005

Vincent Lamouroux

Né en 1974 à Saint-Germain-en-Laye

Lauréat du prix de la Fondation d'entreprise Ricard en 2006, Vincent Lamouroux élabore depuis le début des années 2000, une œuvre nourrie de formes minimales, d'utopies modernistes déchues et de cultures populaires (science-fiction, sport de glisse...). Présenté au Mamco de Genève, au Museum of Contemporary Art d'Indianapolis, au Crédac d'Ivry en 2005 ; au Palais de Tokyo en 2007, son travail se construit essentiellement en regard de contextes spécifiques. En 2010 il fait une intervention à l’Aire 23 – Le Vent des Forêts en Meuse et la même année ses œuvres sont présentées au Muziekcentrum De Bijloke à Gand en Belgique.

L'intérêt de l'artiste pour l'architecture coexiste avec son désir de produire des formes dynamiques portées par le mouvement et la possibilité du déplacement. Cette apparente contradiction sur laquelle se fondent nombre de ses productions affirme d'emblée l'ambition du projet artistique qu'il conduit. Ses œuvres repèrent les éléments architecturaux et les intègrent pour les détourner (Pentacycle, 20021), les transformer (Sol#5, 20052) ou les subvertir (Héliscope, 20073). Inscrites fermement dans l'espace, elles s'offrent à l'expérience bien plus qu'à la lecture « traditionnelle » et jouent sur la perte des repères et la réévaluation d'une réalité donnée. Ainsi, elles allient le mouvement des corps et celui de l'imaginaire.

Portées par l'expérience corporelle et la fictionnalisation possible d'un lieu, les deux œuvres de Vincent Lamouroux, AR.07 et AR.09 (2008), acquises par l’IAC à la suite de l’exposition Fabricateurs d’espaces, sont également fermement ancrées au réel. Leur titre, « AR », est le sigle de Air Rights, notion renvoyant directement à un chapitre du droit international ayant pour objet la réglementation de l'achat et de la vente d'espaces vides au dessus de propriétés immobilières. L'expansion horizontale des mégalopoles achevée, ces zones immatérielles encore vierges, deviennent des territoires disponibles et convoités, offertes à la construction de possibles architectures aériennes. Installant sa pratique à cette frontière de l'improbable et du possible, de la fiction et du réel, Vincent Lamouroux interroge les utopies d'aujourd'hui au regard de celle d'hier et tente de tirer de cette mise en perspective une œuvre consciente et réactive.

1 Pentacycle est un véhicule conçu en collaboration avec Raphaël Zarka et qui a pour fonction de s'adapter à une voie expérimentale abandonnée destinée dans les années 1970 à accueillir l'aérotrain.
2 Sol#5 est la transformation d'un sol traditionnel en paysage vallonné à explorer.
3 Heliscope est une installation prenant comme objet principal un escalier métallique hélicoïdal dressé et maintenu en équilibre par une armature. Présentée à la Chapelle Jeanne d'Arc de Thouars, l'œuvre jouait sur son rapport ambivalent au contexte.

Laurent Mareschal

Laurent Mareschal est né à Dijon en 1975.
Il vit et travaille à Paris. Dans ses vidéos, installations et performances, Laurent Mareschal utilise des moyens inattendus.
déplacement de contextes symboliques, un simple geste devient le support d'une politique confrontation, un jeu se transforme en un combat désespéré contre le temps, une rencontre amicale autour d'une installation éphémère donne lieu à des histoires historiques. Entre les fiançailles et subtilité, ses projets puisent leur force dans l'expérience de ceux qui les partagent.

Tami Notsani

Née en Israël en 1972, Tami Notsani a quitté son pays en 2000 pour venir vivre en France.
Après des études scientifiques, elle se tourne vers la photographie à l’Ecole des Beaux-Arts de Jérusalem, Bezalel, puis suit un troisième cycle au Fresnoy, studio national des arts contemporains.
À travers une pratique qui se déploie entre la photographie, la vidéo et plus récemment l’installation et les performances
participatives, elle développe une réflexion autour de l’identité, l’intime, la mémoire, la transformation et la transmission. Pour la série Comme beaucoup de choses dans ce pays, elle s’appuie sur une connaissance profonde des paysages et des lieux photographiés pour nous proposer une approche documentaire intimiste. Dans ses images, la petite histoire rejoint et éclaire la grande. Un détail à première vue anodin devient extrêmement signifiant et nous parle des cicatrices et strates d’histoires qui ont sédimenté ce pays. Ici c’est un ensemble des images représentatif de cette série au long cours engagée il y a tout juste 20 ans et de la diversité des paysages traversés de Cisjordanie ou de Galilée. Réalisés au
moyen format, ses paysages au carré sont d’une grande précision dans la prise de vue mettant en valeur le sujet ici personnifié et appréhendé comme s’il s’agissait de réaliser un portrait. À la manière de Depardon, sa connaissance intime des territoires lui permet de percevoir les «à côté» de ces espaces parcourus et de les faire parler.
Elle contribue ainsi à travers son corpus d’images poétiques parfois nostalgiques, souvent drôles (même si derrière se cache une réalité très dure), à éclairer l’histoire géopolitique d’un pays en guerre et aux frontières fluctuantes depuis 1948, et à sa manière aide à la construction d’un récit historique contemporain et non manichéen autour d’Israël.
Les œuvres de Tami Notsani ont été présentées en France et à l’étranger dans de nombreuses institutions et manifestations d’art contemporain parmi lesquelles: le Mois Européen de la photographie, MNHA, Luxembourg, «Au bazar du genre», MUCEM, Marseille, Mamco, Genève, Nuit Blanche, Paris, Emily Harvey Gallery, New York, Musée d’art d’Ashdod, Israël ainsi qu’aux Rencontres Photographiques d’Arles. Son travail figure dans plusieurs collections et institutions telles que le Mamco à Genève, la collection départementale de Seine-SaintDenis, le musée d’art d’Ashdod et la banque Discount en Israël, ainsi que dans diverses collections privées en France, Israël, ÉtatsUnis, Hongrie, Suisse et Italie.

Alexia Turlin

Alexia Turlin est artiste et accompagnatrice en montagne. Membre de l'ASAM, elle vous emmène prendre de la hauteur, marcher, dessiner, respirer, découvrir le Val d'Hérens ou ailleurs. Quelques heures ou plusieurs jours... sur mesure voir bio.
Elle vit et travaille en ville à Genève et en Valais, à 1700 m d’altitude dans le Val d’Hérens. Les notions de montagne-eau caractérisent une grande partie de ses productions picturales, références que l’on retrouve dans la peinture asiatique où le vide joue un rôle essentiel. Comme celui de rendre le visible invisible et l’invisible visible. Alexia accentue ce processus au delà de relier toute force contradictoire, par les coulures qui racontent le paysage et révèlent ce qui nous entoure ici au milieu des montagnes...

Denis Savary

Né en 1981 à Granges-Marnand, Denis Savary est diplômé de l’Ecole d’Art de Lausanne (ECAL) en 2004.

La pratique artistique de Denis Savary est multiple. Elle se décline en dessin, vidéo, installation, en scénographie ou en mise en scène. Son champ d’expérimentation ne se limite pas non plus à une thématique. Chaque œuvre se fonde sur un travail de recherches et lui permet d’explorer de nouvelles techniques.

Il collabore avec divers artisans choisis en fonction de ses créations. Son œuvre est très référencée; les pièces s’inspirent soit des travaux d’un artiste qu’il détourne ou réinterprète, soit d’une coutume ou d’une tradition. Son travail est un hommage à l’histoire de l’art et à notre mémoire collective. Il accumule les indices d’un univers dans lequel les coïncidences ne sont que volontaires et les comparaisons infinies. Toutes ces références se perçoivent dans la scénographie de ses expositions. Il se place en conteur et l’exposition se lit comme un roman auquel le titre donnerait une texture.

Denis Savary est représenté par la galerie Maria Bernheim à Zurich.

Pierre-Philippe Freymond

"Pierre-Philippe Freymond, artistes dans les gènes" (extrait)
On compte sur les doigts d'une main les artistes équipés de pareil CV. Titulaire d'un master en génétique microbienne et d'un doctorat ès Sciences défendu à l'Université de Lausanne, c'est vers les beaux-arts que Pierre-Philippe Freymond a pourtant bifurqué. "A la fin de mes études, mon avenir était tout tracé. J'allais devenir manager dans l'industrie. Mais je me voyais mal diriger des équipes de scientifiques." Tant pis pour le plan de carrière. Le biogénéticien embraye sur les arts plastiques. Un choix singulier pour celui qui troque d'un coup son travail de laboratoire contre celui de l'atelier. "En fait, pas vraiment. L'art m'ouvrait un nouveau champ d'expérimentation. A l'époque, je faisais déjà pas mal de modelage. Rodin, en particulier, m'intéressait. Il collectionnait les moules de mains, de pieds, de torses qu'il assemblait ensuite pour en faire de bronzes." De la même manière que les briques d'ADN s'emboîtent pour fabrique du vivant (...)
Emmanuel Grandjean, Kunstbulletin, septembre 2005


Catalogue

DVD
Une proposition de Christian Bernard
©Free studios / Les Ateliers des Arques / le MAMCO (Genève)
Prix : 10 euros


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