LostJournal de résidence

work in progress

Lost

17e résidence d'artistes

Du 18 Mars au 8 Sept. 2007

Chiara Parisi, directrice du Centre International d'Art et du Paysage de l'île de Vassivière

Présentation

Curiosité, amitié, indifférence, résonance, résistance, mémoire et engagement se mêlent en 2007 (lost) projet qui s'inscrit avec force mais de façon presque imperceptible au sein du village. Les Arques sont devenus symboliquement ou réellement, selon les interventions des artistes, le lieu privilégié pour un arrêt du temps possible une réflexion sur une société fondée sur le déplacement et la multiplicité.
Chiara Parisi


Les artistes

Laurent Grasso

Au croisement de temporalités, de géographies et de réalités hétérogènes, les films, sculptures, tableaux et photographies de Laurent Grasso immergent le public dans un monde d’incertitude troublant. L’artiste crée des atmosphères mystérieuses qui remettent en cause les frontières de nos perceptions et de nos connaissances. L’anachronisme et l’hybridité jouent un rôle actif dans cette stratégie, diffractant la réalité afin de la recomposer conformément à ses propres règles. Fasciné par la façon dont divers pouvoirs peuvent affecter la conscience humaine, Laurent Grasso tente de saisir, de révéler et de matérialiser l’invisible. Couvrant aussi bien les peurs collectives que la politique, l’artiste révèle par un phénomène électromagnétique ou paranormal ce qui se cache derrière la surface de nos perceptions habituelles, et nous offre ainsi une nouvelle perspective sur l’histoire et la réalité.

Massimo Grimaldi

Né en Italie, vit à Milan

Une large part de la pratique de Massimo Grimaldi tend un miroir aux économies qui président à la production et à la circulation des images dans les mass media occidentaux, en particulier en ce qui concerne notre relation aux cultures étrangères, défavorisées, « autres », telles qu’on nous les représente. Elle s’implique directement dans des activités officielles concernant les vies de victimes de crises ou d’exploitation dans des régions comme l’Afrique sub-saharienne, le Cambodge et l’Afghanistan, et cherche à mettre en évidence l’éthique généralement refoulée de telles interventions ainsi que du « journalisme de la pauvreté ». Tout en examinant le rôle des artistes et les limites de l’art, Grimaldi a inventé une manière pour l’art d’avoir un impact profond sur la vie des gens. (NH)

Koo-Jeong A

À son image, l’œuvre de l’artiste sud-coréenne Koo Jeong A a quelque chose de vaporeux, discret – se veut invisible. Les objets du quotidien qu’elle déforme à sa guise, sont sa matière première : des pièces laissées vides aux stakeparks qui s’illuminent, à la retranscription de l’odeur des villes quelques minutes avant l’averse. Son oeuvre est complexe et ouverte à toutes les interprétations. La lumière la température, les odeurs, l’opéra, les objets détraqués et le jeu sur les échelles sont des thèmes participent à la composition d’une oeuvre riche et féérique où se déploie le mystère. Face au travail de Jeong A, le spectateur peut laisser libre cours à son imagination, se questionner et surtout, contempler.

Jeong n’aime pas être interviewée – peu loquace, elle préfère écouter en silence. Pour comprendre et s’approcher de l’artiste et de son travail il faut prêter attention aux détails qui parcourent chacune de ses expositions, au détour de ses œuvres phares, énigmatiques et sensuelles. L’artiste s’auto-proclame «nomade» et rejette l’appartenance à une culture, un lieu, un héritage préétablis. Surtout, elle est curieuse de tout. Son œuvre magistrale fait état du vide dans l’espace, flirte avec la négligence, n’hésite pas à dialoguer avec l’absurde.

Originaire de Séoul, Jeong A a déménagé à Paris pour étudier aux Beaux-Arts au début des années 1990. Son travail a été très axé sur la collaboration, avec une batterie d’artistes comme Tacita Dean, Phillipe Parreno, Carsten Holler et Hans Ulrich Obrist (qui est aussi son conjoint et le directeur artistique de la galerie Serpentine, à Londres).

Elle travaille aussi sur l’odeur et les sens : en 2011 elle a collaboré avec le parfumeur Bruno Jovanovich sur Before The Rain à la Dia Art Foundation de New York pour créer un parfum reproduisant l’air embué des villes juste avant l’averse. En 2015 elle a créé un skatepark lumineux avec l’aide de jeunes skateurs locaux et des riverains, de manière à faire de l’art public un espace d’interactions sociales. L’odeur comme moyen de perception et de mémorisation est apparue dans son travail au détour d’Odorama en 2016 lorsqu’elle a pris le contrôle de deux quais abandonnés à la station Charing Cross sur la Jubilee Line – désaffectés depuis 20 ans, ces quais déserts transportaient une odeur boisée. Une décomposition, une désuétude, une odeur évoquant un souvenir qui n’est pas parfait – c’est ce genre de déséquilibre que Jeong A veut montrer aux spectateurs

Guillaume Leblon

VIT ET TRAVAILLE À PARIS (FRANCE) ET NEW YORK (ÉTATS-UNIS)
Guillaume Leblon étudie à l’École des beaux-arts de Lyon jusqu’en 1997 puis à la Rijksakademie d’Amsterdam. Il expose régulièrement en Europe et a depuis une dizaine d’années un parcours d’envergure internationale.
Ses récentes expositions personnelles ont eu lieu notamment à : SMAK, Gand, Belgique (2018) ; Friche La Belle de Mai, Marseille (2015) ; Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes (2014) ; MASS MoCA, États-Unis (2013) ; Musée régional d’art contemporain de Sérignan (2012) ; MUDAM, Luxembourg (2009) ; CGAC, Santiago de Compostelle, Espagne (2008) ; Crédac, Ivry-sur-Seine (2006). Il a également participé à de nombreuses expositions collectives notamment au Mucem, Marseille, Or : Un voyage dans l’histoire de l’art au fil de l’or, en 2018 ; à la Biennale de Lyon, Une terrible beauté est née, en 2011 ; au Carré d’Art de Nîmes, Pour un art pauvre, en 2011 également ; au Centre Pompidou-Metz, Constellation, en 2009 ; ou encore à l’IAC, pour Fabricateurs d’espaces, en 2008.

Sculpteur « nouvelle génération », Guillaume Leblon expérimente des techniques et matériaux très diversifiés – sable, pierre, bois, eau, plâtre, laiton, glaise… – pour créer des « paysages » à la mise en scène extrêmement élaborée. Dans cet élargissement de la pratique sculpturale, l’espace lui-même devient matériau premier. Guillaume Leblon utilise des objets de récupération qui lui permettent de lier sa pratique au temps qui passe, dans des installations alors chargées d’humanité et d’émotion, au-delà d’un premier abord très épuré, voire conceptuel. L’artiste collecte, rassemble, entrepose, différents éléments, et les laisse parfois stagner longtemps dans son atelier avant de les utiliser : un protocole qui relève d’une archéologie du présent et produit des formes en latence. Guillaume Leblon entretient ainsi un certain rapport au temps, temps qui décidera de la pérennité de ses œuvres : "Les sculptures meurent aussi" était d’ailleurs le titre d’une des expositions auxquelles il a participé (Kunsthalle Mulhouse, 2010).
Les expositions sont souvent conçues par l’artiste de manière à offrir au visiteur un cheminement, une promenade, et comportent un fort potentiel narratif : l’exposition À dos de cheval avec le peintre qui a eu lieu à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne/Rhône-Alpes en 2014 en est l’exemple parfait. Le parcours poétique ainsi créé fait traverser des espaces métamorphosés, plus ou moins pittoresques ou fantomatiques, parsemés de sensations, de respirations, d’évocations (artistiques, littéraires…) et de références au vivant.

Claude Lévêque

Claude Lévêque (né en 1953 à Nevers, vit et travaille à Montreuil) est une figure majeure de la scène artistique française et internationale. Depuis le début des années 1980, l'artiste produit des installations in situ d'une grand force émotionnelle qui proposent aux visiteurs, immergés dans des atmosphères chargées, des expériences sensorielles totales qui bouleversent la perception de l'espace. Ses environnements d'images, de son et de lumière (incorporant des éléments de musique industrielle et des dispositifs cinématographiques) semblent d'autant plus irréels qu'ils s'adressent au corps et se présentent dans toute leur matérialité.
Auteur de nombreuses installations, parfois polémiques, réalisées dans le cadre de commandes publiques, Claude Lévêque a représenté la France à la 53e Biennale d'art international de Venise.

Federico Nicolao

écrivain et philosophe, né en 1970 à Gênes, Federico Nicolao enseigne Théorie et pratique de l’art contemporain à l’ECAL de Lausanne et Théorie des Images à l’Ecole Nationale Supérieure de Paris Cergy où il dirige deux lignes de recherche : « Comment penser par images » et « Lire dans les choses ».
Il a fondé et dirige en Italie la revue Chorus una costellazione. Il a traduit de nombreux auteurs en italien (Jean-Christophe Bailly, Edmond Jabès, Alain de Libera, Philippe Lacoue-Labarthe, Roger Laporte, Michel Leiris, Tomas Maia, Jean-Luc Nancy, Jean-Marie Pontevia) et avec Philippe Lacoue-Labarthe les récits sur Auschwitz du poète italien Giorgio Caproni en français : Cartes postales d’un voyage en Pologne (Paris, 2004).
Il est l’auteur de nombreux essais sur les arts et la littérature.
Directeur de programme en 2004 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, ainsi qu’en 2005 au Musée Picasso d’Antibes et au Musée National Marc Chagall de Nice, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, fondateur - et pour deux éditions directeur - du festival des résidences françaises à l’étranger Viva Villa en 2017 et 2018 .
Il poursuit depuis quelques années une politique de collaboration directe avec les auteurs et participe de ce fait à plusieurs projets d’artistes (avec Jerôme Combier, Laura Erber, Koo Jeong-a, M/M, Eryk Rocha, Francesca Verunelli).
Il dirige Piccole Baie un programme de résidences pour jeunes artistes.
Il a collaboré avec de nombreuses institutions internationales : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; CCA de Kytakyushu au Japon ; Académie Schloss Solitude de Stuttgart …


Catalogue

Directrice de publication : Chiara Parisi
Graphisme : lecoeurbarluet
Photographes : Laurent Grasso, Jean-François Peiré, Koo Jeong-A, Les Ateliers des Arques, Claude Lévêque, Dide.
Éditeur : Les Ateliers des Arques, résidence d'artistes
Imprimeur : Opéra print, Paris
Format : 20,9 x 15,2
Prix : 10 euros