L’univers culinaire est depuis longtemps un terrain de jeu pour les artistes. Consacrée à ces plaisirs simples que sont la cuisine et le repas, reflets de nos modes de vie, de nos habitudes alimentaires, de consommation et d’échanges, l’exposition présente une sélection internationale d’œuvres créées par une vingtaine de photographes, peintres, dessinateurs et dessinatrices, de la fin des années 1970 à nos jours.
Explorant l’importance de la nourriture dans l’existence humaine, l’exposition s’attache à des démarches qui revisitent les liens entre gastronomie et beaux-arts : si l’art de la représentation de la nourriture est à l’œuvre dès l’Antiquité gréco-romaine, il connaît un tournant au XVIe siècle avec l’apparition de la nature morte où fruits, poissons, viandes et objets de la vie quotidienne deviennent les sujets premiers des œuvres. Ainsi, des représentations gourmandes jalonnent l’exposition pour faire appel à nos sens et nous mettre en appétit.
Souvent présenté comme source de bien-être, notre rapport à l’alimentation s’accompagne parfois de troubles et d’excès : péchés de gourmandise et autres breuvages addictifs font aussi l’objet de créations, dans une veine parfois humoristique.
Symboles de convivialité et de partage, les mets et les boissons participent de notre lien social. Marchés, repas et banquets sont mis en scène par les grands maîtres de la peinture européenne du XVIe au début du XXe siècle. Certains sujets connaissent un vif succès tel Le déjeuner sur l’herbe imaginé par Manet, repris par Monet puis Picasso, et sont détournés avec malice par des artistes contemporains.
L’exposition invite également les visiteurs à emprunter un chemin à rebours, qui va de l’assiette au champ ou à l’océan. À la poésie des paysages de nos campagnes, s’articule l’attention des artistes aux métiers de la production alimentaire, avec un souci manifeste à l’endroit du vivant et du temps long de la nature.
À l’ère de l’Anthropocène, certains portent un regard humble sur le monde paysan, d’autres évoquent le devenir animal, témoignent de l’exploitation intensive des terres agricoles et des fonds marins, alertent sur la salinisation progressive des sols. Ce faisant, les œuvres offrent cette articulation entre local et global qui caractérise notre société de consommation.